Cent sens

par Alexandre Béland

« Je suis parti de la recherche de sens. Comment représenter son histoire extrême en images. Où est le sens et comment le traduire? Résultat, l'histoire est à la fois sans sens et à multiples sens pour moi. Flou et difficile à la fois. Sans sens, sang sens et cent sens. »
Cent sens, un tryptique photo réalisé à l'argentique et en post-production numérique. Cliquez sur les images pour les voir de plus près.

À propos de l’œuvre

L’œuvre qu’Alexandre a réalisé pour adapter artistiquement le témoignage de Rosa est un triptyque, qu’il a intitulé Cent sens.

Les photographies, mises côte-à-côte, évoquent de manière allégorique la vie de Rosa et ses difficultés, partant d’une jeunesse épineuse, marquée par une violente injustice, suivie par plusieurs épreuves au cours de sa vie adulte, et allant peu à peu vers sa situation actuelle, plus sereine, et son regard positif sur la vie, qui persiste malgré tout.

Il était important pour lui que son œuvre s’inscrive dans le présent, dans la façon dont Rosa voit les choses aujourd’hui, parce que cela honorait le parcours personnel qu’elle avait vécu.

« [Je voulais montrer] [c]omment elle se sent là, avec ce qu'elle a vécu. Donc autant essayer de montrer les cicatrices de son passé, mais aussi l'aspect très positif, la manière dont elle aborde la vie au quotidien aujourd'hui, je trouvais que c'était lumineux, quand même, malgré tout ça. »

Le processus créatif d'Alexandre est hybride : il capte d'abord de nombreuses images avec un appareil argentique, puis les numérise. Une fois ses images numérisées, il entreprend une recherche de sens dans ses photos, en y « zoomant » et en effectuant un important travail de recadrage. C'est ainsi qu'il trouve de « nouvelles images » dans ses images. Il apprécie le temps de réflexion qu'offre la photographie argentique, parce qu'il y a nécessairement un délai entre la captation et le moment où il peut retravailler ses photos, ce qui permet de laisser « mijoter » son inconscient et son sens créatif.

Les trois images finales ici présentes n'appartiennent pas à la même photographie et ne représentent qu'une petite partie de leur matrice originale. Alexandre explique que le fait que chacune soit ainsi cadrée et rapprochée les rend uniques, parce qu'il ne serait pas possible, même en se rendant au lieu où elles ont été prises, de voir ce même assemblage à l'oeil nu dans la réalité. Il y a là, pourrait-on ajouter, une métaphore de l'expérience humaine, et plus particulièrement, de celle de Rosa : même si on peut écouter ou lire son récit, et se mettre à sa place, imaginer ce que c’est que de vivre les choses qu'elle a vécues, on ne pourra jamais exactement connaître son expérience comme elle l’a connue.